lundi 14 novembre 2011

Building

Zooming In and Out of New York - Alfonso Zubiaga


A travers la fenêtre, un store baissé jusqu'à la moitié, Alexandre pouvait contempler les multiples buildings de la ville. Ils baignaient dans une douce lumière blafarde d'une fin de journée d'été et la pollution avait tendance à rendre cette vision brouillée. La fenêtre entre-ouverte, les bruits touffus de la rue remontaient jusqu'à lui. Quelques klaxons dominaient la rumeur des moteurs, le clapotis des pas et le murmure des voix. La rue grouillait de centaines de personnes laborieuses se croisant et s'évitant avec adresse, entrant ici ou là, au gré des vitrines lumineuses et colorées.
Un rai de lumière transperçait le salon, éclairant d'un carré le parquet sombre de ce vieil appartement fait de moulures aux plafonds et d'un papier peint décrépi. Des fines particules de poussière restaient suspendues dans les airs. Entre ses lèvres, une cigarette se consumait lentement, rougeoyant quelque peu lorsqu'il tirait faiblement dessus. Les cendres ne cessaient de s'accumuler au bout, douées d'une réelle volonté de rester à l'horizontale pour défier toutes les lois de la gravité. Elles n'eurent pas le temps de remporter ce défi, se retrouvant écrasées au milieu d'un cendrier déjà bien rempli. Alexandre s'agita quelques minutes dans les pièces pour ranger quelques vêtements dans la chambre, dépoussiérer la table de la cuisine et remettre l'antenne de la télévision en place. Ces choses faites, il retourna devant la fenêtre à sa douce contemplation. Son regard se perdit et puis plus rien ne se passa. Il essayait de faire le vide, d'oublier quelques instants sa situation, se retrouver au calme.

mercredi 23 mars 2011

Séisme

Il est cinq heures dans la ville. Les gens commencent à sortir des bureaux dans leurs tours de verres et de béton dressées vers le ciel et rentrent chez eux. Je fais partie de cette masse informe et grouillante qui s'active sur les trottoirs. Chacun essaye d'imposer son propre chemin dans une logique de groupe dirigeant les flux. On me confond avec n'importe quel cadre moyen à cette heure-ci. Un costume gris milieu de gamme un peu trop grand, une chemise blanche au col légèrement jauni par le temps, une cravate à motifs offerte par mes enfants et des cernes noires sous les yeux.