Zooming In and Out of New York - Alfonso Zubiaga |
A travers la fenêtre, un
store baissé jusqu'à la moitié, Alexandre pouvait contempler les
multiples buildings de la ville. Ils baignaient dans une douce
lumière blafarde d'une fin de journée d'été et la pollution
avait tendance à rendre cette vision brouillée. La fenêtre
entre-ouverte, les bruits touffus de la rue remontaient jusqu'à lui.
Quelques klaxons dominaient la rumeur des moteurs, le clapotis des
pas et le murmure des voix. La rue grouillait de centaines de
personnes laborieuses se croisant et s'évitant avec adresse, entrant
ici ou là, au gré des vitrines lumineuses et colorées.
Un rai de lumière
transperçait le salon, éclairant d'un carré le parquet sombre de
ce vieil appartement fait de moulures aux plafonds et d'un papier
peint décrépi. Des fines particules de poussière restaient
suspendues dans les airs. Entre ses lèvres, une cigarette se
consumait lentement, rougeoyant quelque peu lorsqu'il tirait
faiblement dessus. Les cendres ne cessaient de s'accumuler au bout,
douées d'une réelle volonté de rester à l'horizontale pour défier
toutes les lois de la gravité. Elles n'eurent pas le temps de
remporter ce défi, se retrouvant écrasées au milieu d'un cendrier
déjà bien rempli. Alexandre s'agita quelques minutes dans les
pièces pour ranger quelques vêtements dans la chambre, dépoussiérer
la table de la cuisine et remettre l'antenne de la télévision en
place. Ces choses faites, il retourna devant la fenêtre à sa douce
contemplation. Son regard se perdit et puis plus rien ne se passa. Il
essayait de faire le vide, d'oublier quelques instants sa situation,
se retrouver au calme.